Llachon, le lac Titicaca hors des sentiers battus
Un des avantages des voyages au long cours, au-delà d'avoir du temps, est de se laisser porter par les conseils des locaux. Après le canyon de Colca, nous avions prévu de passer un peu de temps à Puno, sorte de capitale touristique des bords du lac Titicaca et d'aller 1 ou 2 nuits sur l'île de Taquile, à 3h de bateau. En discutant de ce projet avec le propriétaire de l'hôtel de Yanque, il nous invite à aller dans un autre coin au bord du lac, la péninsule de Capachica, délaissée par les touristes donc plus authentique que ce que nous avions prévu. Il nous donne le nom d'un village, Llachon, en nous conseillant de nous y poser quelques jours. On décide de suivre ce conseil et d'aller dans ce coin reculé. Il faut y arriver… Après 5h de bus depuis Arequipa, on arrive à Juliaca, ville hideuse et dangereuse, aux rues défoncées (les plus mauvaises depuis le début de notre voyage). De la gare routière, il nous faut rejoindre un autre terminal pour les collectivos (minibus) desservant la péninsule. Ensuite, attendre que le collectivo soit plein pour partir. Ici, plein ne signifie pas avec 12 personnes comme le nombre de sièges du minibus. On est parti à 18 et on a été jusqu'à 21 dans ce véhicule, avec les locaux qui ramenaient provisions de Juliaca, cultures ou enfants portées dans des tissus sur le dos. Arrivés à Capachica, on a dû prendre un autre collectivo pour Llachon, à travers une piste défoncée par la pluie. Il nous laisse sur la place du village. Nous voilà partis avec nos 50 kilos sur le dos sur la piste pour arriver chez Félix, à la nuit tombée, après 30 minutes de marche à plus de 3800 mètres d'altitude, face à l'île de Taquile !
Félix est le pionnier du tourisme dans ce coin, il a aménagé sa maison pour pouvoir recevoir quelques invités. C'est presque luxueux car on a l'électricité et l'eau chaude (quand il y a du soleil), ainsi que 2 chambres pour nous 5, alors qu'ils dorment à 4 dans la leur. La vue sur le lac, que l'on surplombe, est splendide. La famille qui nous reçoit est adorable et fait tout pour que nous nous sentions bien. On est resté une semaine, en pension complète. L'activité principale fut de disfrutar de la naturaleza (profiter de la nature) comme on dit du côté de Bariloche, en regardant le lac et ses îles, les pêcheurs, les animaux, les terrasses andines. On a beaucoup discuté avec nos hôtes de leur mode de vie et du nôtre, on a mangé du riz à tous les repas. Mathieu est même allé à la pêche un matin.
Félix et Marina ont 6 enfants, dont Jocelyne, 10 ans, qui habite ici. Kévin, 11 ans, un de leurs petits-fils, vit aussi avec eux. Inutile de vous dire que les enfants ont adoré leur séjour avec leurs copains : poterie à l'argile naturelle récupérée pas loin, balades sur les bords du lac, jeux dans les eucalyptus, fabrications d'arcs, gestion des animaux (rentrer les moutons, poules ou cochons)… Ils n'ont pas arrêté de la semaine !
On s'est aussi beaucoup promené pour voir les différents points de vue sur le lac, au bout et en haut de la péninsule, avec de belles montées jusqu'à 4400 mètres d'altitude. Mais cela vaut le coup lorsque l'on arrive en haut, les paysages sont somptueux ! On y croise les habitants au mode de vie traditionnel : élevage (moutons, porcs, volailles), cultures (mais, quinoa), pêche, tissage. Sans voiture, tout est transporté à dos d'homme, de femme ou d'âne. Ils parlent quechua entre eux (et oui, c'est une langue, celle des incas, avant d'être une marque de chez decathlon!).
Au cours d'une de ces balades, Kévin nous a amené dans son école. On y est revenu le lendemain pour la visiter avec les élèves. On a discuté avec une professeure et on lui a demandé s'il était possible qu'Esteban et Malia y passe une journée… Elle est venue avec nous voir le directeur pour le convaincre de laisser les enfants y passer une journée et il a donné son accord. Mardi matin, ils se sont donc levé tôt pour partir à l'école avec Kévin et Jocelyne. Malia était en cuarto, Esteban en quinto. Mais l'école est à plus de 30 minutes de marche de la maison, en passant par des chemins et à travers champs. Ils sont partis sous la pluie à 8h avec leurs copains, en ont rejoint d'autres en route pour former un groupe d'une trentaine d'enfants à l'arrivée ! Organisation de la journée : jeux dans les classes pendant 1h, petit-déjeuner, travail en classe pour Malia, sport pour Esteban, récréation, déjeuner, musique et préparation du défilé, et travail en classe. Ils sont rentrés vers 15h, avec leurs copains, ravis de leur journée. Ils trouvent qu'on travaille moins au Pérou qu'en France, ont été bombardés de questions par leurs camarades de classe et lors des récrés. Une des différences qu'ils ont relevés est le bruit : Esteban a même dit que sa maîtresse en France serait sûrement sortie pour demander à ce qu'il y ait moins de bruit s'il y en avait autant à Jules Ferry ! Esteban était avec Kévin et Jocelyne, Malia toute seule mais cela ne l'a pas effrayée. Ils se sont débrouillés pour communiquer avec les élèves et les profs, ont fait les mêmes choses que les autres élèves. La prof de Malia pensait même qu'elle était inscrite pour le reste de l'année et a commencé a modifier l'organisation de la classe pour elle. Bref, une super expérience, au cours de laquelle ils ont pris des photos et même fait des vidéos. Ils y seraient bien retournés…
Si vous prévoyez un voyage au Pérou, on ne peut que vous conseiller de venir à Llachon, chez Félix, pour profiter de ce cadre enchanteur, des repas de Marina et de la gentillesse de cette famille. Une halte réjouissante hors des sentiers battus !
Pour le jeu Cultures andines, pas de gagnant!!! Il fallait trouver la quinoa et le sancayo, fruit du cactus qui sert entre autres à réaliser le colca sour, une boisson servie dans le canyon de Colca. On proposera un autre jeu prochainement.